Placoter ou jaser avec nos cousins québécois ?
- Dominique
- 4 févr.
- 4 min de lecture
Du 4 novembre au 8 décembre 2024, nous avons eu le grand plaisir d'accompagner un groupe de Québécois au Maroc. Ils sont arrivés à Marrakech par avion et ont loué 12 camping-cars au camping du Relais. C'était une expérience totalement nouvelle pour nous.
Tout d'abord, nous avons passé trois jours dans un hôtel de luxe dans le quartier du Guéliz. Notre salle de bain était plus grande que notre camping-car et nous devions utiliser le GPS pour trouver la douche sans parler du lit «king size» où nous pouvions dormir dans les deux sens , horizontalement et verticalement. En cas de dispute, nous pouvions même nous séparer puisque qu'un deuxième "petit" lit de 1,20m se trouvait dans la chambre.

C'est pourtant le buffet des desserts qui m'a totalement envoutée dans cet hôtel. Au Maroc, la main d'œuvre n'est pas chère donc il y a toujours un personnel pléthorique partout et du coup, notre hôtel disposait d'un chef pâtissier. Ce dernier proposait à chaque repas de nouveaux desserts, tous plus exquis les uns que les autres. Je n'ai pas pu m'empêcher de discuter avec lui et surtout de le féliciter. Il m'a convaincue de goûter son dessert préféré : une mousse à la mangue. Jamais, au grand jamais, je n'aurais choisi ce dessert! Les couleurs primaires de cette mousse : du jaune, du vert et de l'orange, ne m'attiraient pas du tout car elles me paraissaient trop artificielles. Cependant, sur ses conseils, j'ai goûté et… j'ai eu un orgasme culinaire (si, ca existe!), j'ai entendu les anges chanter "Lacrimosa" du Requiem de Mozart et je suis arrivée directement au paradis des gastronomes. C'est la première raison pour laquelle je suis prête à accompagner éternellement le voyage marocain des Québécois.
Pendant les trois jours que nous avons passés à l'hôtel, nous avons découvert le vivre ensemble québécois. Le matin, ils ne disent jamais «bonjour» mais «bon matin». De toute façon, leur journée sera bonne, pas besoin d'en rajouter. Quand ils se retrouvent le soir, par exemple, ils s'installent en cercle, qui s'agrandit en fonction des arrivants. Un rite qui date de leurs débuts sur le continent américain : les chariots se regroupaient en cercle pour se protéger des méchants Indiens ? En fin d'après-midi, nos cousins québécois se retrouvaient au camping pour boire une bière, placoter ou jaser. Nous n'avons jamais réussi à différencier placoter et jaser ! Jamais de clan chez les Québécois, pas de places réservées pour les potes au restaurant ou au camping : tout le monde se mélangeait et apprenait à se connaître.


Ce qui m'a le plus marquée, c'est leur joie de vivre. En admirant le coucher du soleil du haut d'une dune à Merzouga, Jean-Marie remerciait la vie. Nos compagnons ont trouvé le Maroc fascinant et toute mésaventure était vécue comme une aventure. Quand un Français vient au Maroc, il veut du dépaysement, de l'exotisme bien sûr, mais celui-ci s'arrête aux portes du camping qui doit être aux normes européennes, c'est-à-dire avec de beaux emplacements, des sanitaires impeccables, de l'eau chaude comme s'il en pleuvait , du courant fiable pour alimenter leur machine à expresso et leur climatiseur, un wifi plus rapide que l'éclair pour économiser leurs gigas, etc. Bien sûr, tout ceci peut arriver au Maroc, mais pas souvent en même temps. Quand les sanitaires ne convenaient pas aux Québécois, aucun problème, ils vont utiliser la douche de leur «VR» ou véhicule récréatif. Ils mangent pour la dixième fois un tajine au poulet, pas grave, ils mangeront une poutine (des frites qui baignent dans une sauce, si j'ai bien compris) au retour. Un problème est signalé, c'est juste une proposition d'amélioration pour le circuit suivant.

Nos échanges les plus savoureux étaient bien sûr linguistiques. Il nous a fallu deux, trois jours pour nous habituer à l'accent québécois sans parler des anglicismes qu'ils utilisent couramment et qui ne sont pas les mêmes que les nôtres. Nous avons passé notre temps à analyser les mots et leurs subtilités : dans quel cas , utiliser «jaser» ou «placoter» (bavarder), «pelleter des nuages» (une action qui ne sert à rien), «se faire brasser la caisse» (déranger dans le sens de sortir de son confort), «se faire passer un sapin» (se faire arnaquer, image très utile au Maroc où les couleuvres à avaler sont nombreuses, expression française cette fois). Ils nous ont fait découvrir des chansons comme par exemple «la langue de chez nous» d'Yves Duteil et nous avons souvent transformé notre mini-bus en «chorale à gogo» (chorale d'église très sérieuse et non pas des hommes qui chantent et dansent en petite tenue).
Nos cousins québécois écrivent également très bien. Marie-Claude a rassemblé dans le texte ci-dessous leurs impressions du Maroc et Jocelyne nous a confié son propre texte.
Nous avons adoré chaque moment passé avec nos cousins québécois. Les chats marocains ont pleuré le départ de Monic qui les a nourris à coup de croquettes et de restes, et nous, leur départ à tous, même si nous pensons régulièrement à eux en utilisant tout le papier toilette et le Sopalin qu'ils nous ont laissés, sans oublier les pots de beurre de cacahuètes, mayonnaise et huile d'olive. Merci la vie.
Dominique, ton récit est absolument "solaire " comme toi. Oui les Québécois sont des personnes adorables, joviales et humanistes. Nous en gardons un très bon souvenir d'un voyage. Continue de nous régaler avec tes récits de voyage en espérant nous retrouver dans une prochaine aventure. Amicalement. Isa et André.